Interview de Frédérique Alverola, DRH de l'OM

15 April 2020

"LE CV du candidat doit transpirer le sport"

Comment les grands clubs de Ligue 1 recrutent-ils ? Comment démarquer sa candidature ? A quoi cela ressemble-t-il de travailler à l'OM ? Si vous cherchez les réponses à ces questions, vous êtes au bon endroit !

Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Frédérique Alverola, directrice des ressources humaines de l'OM, que nous remercions fortement pour le temps qu'elle nous a accordé et les réponses aux questions qu'elle nous a apporté. 

LE SECTEUR DU SPORT EST-IL AUTANT CONVOITÉ QU’ON NE LE PENSE PAR LES CANDIDATS ?

A chaque ouverture d’un poste ou d’un stage nous recevons entre 150 et 900 candidatures par annonce, ce qui est un nombre conséquent par rapport à d’autres secteurs d’activités qui recrutent.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX CANDIDATS POUR SE DÉMARQUER DES AUTRES ?

Le maître mot est la cohérence de leur CV.

On constate que certains postulent uniquement pour l’attachement qu’ils ont à l’OM alors qu’en parallèle leur CV ne correspond pas aux profils recherchés. Quand on veut travailler dans le milieu du sport, il faut essayer de faire en sorte que votre parcours et vos expériences soient dans ce secteur et même pour des profils juniors qui n’ont pas encore d’expérience conséquente mais qui peuvent se distinguer par leurs activités extrascolaires.

Malheureusement être passionné de sport ou de foot ne suffit pas pour se démarquer des centaines d’autres candidatures reçues et il faut de l’expérience dans notre secteur d’activité. Cela est d’autant plus vrai pour certains métiers comme ceux de l’évènementiel et du sponsoring où l’on reçoit le plus de candidatures.

Il faut que nos recruteurs puissent voir que vous avez déjà travaillé dans un univers autour du sport comme par exemple chez un annonceur, une entreprise de sport, etc. Le CV du candidat doit « transpirer » le sport et il est impératif qu’il y ait une cohérence avec le poste proposé.

La maîtrise de l’anglais est primordiale également. Nos interlocuteurs sont internationaux, de même que certains de nos prestataires, et savoir parler anglais est donc devenu un facteur clef de succès au quotidien.

COMMENT RECRUTE-T-ON DANS UN CLUB DE L1 ?​

Nos process de recrutement restent identiques à ceux d’une entreprise classique : on poste des offres d’emploi sur Yupeek et LinkedIn. On reçoit en entretien les candidatures intéressantes. C’est également à cette occasion que l’on peut faire passer des tests pour avoir un aperçu du niveau d’anglais du candidat ou encore évaluer ses compétences.

QUELS SONT LES MÉTIERS OU LES TYPES DE PROFILS QUE VOUS RECHERCHEZ ?

On ne privilégie pas de formation particulière, cela dépend vraiment des postes qui sont à pourvoir. Nous avons une diversité d’offres et de métiers, que ce soit dans la comptabilité, la finance, le contrôle de gestion, l’évènementiel ou encore le digital et même dans le sportif pur.

Ce que l’on recherche c’est avant tout des compétences, des personnalités et des expériences qui vont avoir une valeur ajoutée pour les équipes et notre entreprise.

EN MOYENNE COMBIEN DE STAGIAIRES RECRUTEZ-VOUS PAR AN ?

En général nous accueillons entre 30 et 35 stagiaires tous les 6 mois et sur les 12 derniers mois nous avons accueilli une quinzaine de jeunes ayant moins de 30 ans.

Nos offres proposées sont à pourvoir en stage mais également en apprentissage.

IL Y-A-T-IL DES OPPORTUNITÉS D’EMBAUCHES À LA SUITE DES CONTRATS DE STAGE / APPRENTISSAGE ?

Il nous arrive de proposer des CDD/CDI à la suite de leur contrat de stage ou d’apprentissage mais ce n’est pas systématique.

Cela se fait en fonction du développement de l’équipe, du budget et de la performance du collaborateur pendant son stage/apprentissage.

A QUOI RESSEMBLE UNE JOURNÉE TYPE DE TRAVAIL DANS UN CLUB DE L1 ?

A l’OM il n’y pas de journée type car toutes les semaines et tous les ans nous recommençons une nouvelle histoire !

En effet, quand on commence une nouvelle année on ne sait jamais comment celle-ci va se finir.

On commence la journée avec une to do list et au final à la fin de la journée on a fait tout un tas d’autres choses. C’est une entreprise où il n’y a pas de routine. Il y a bien sûr un planning de travail mais pas une journée type. De plus très peu de postes sont doublés. Chacun a ses propres missions et a donc une journée différente de celle des autres.

COMMENT ARRIVEZ-VOUS À INTÉGRER VOS COLLABORATEURS DANS LES PROJETS DU CLUB ?

Tout le monde est engagé à plus de 100% sur le projet global du club.

Chacun apporte sa pierre à l’édifice en étant impliqué dans un projet à son échelle. Même nos stagiaires et apprentis ont de vraies responsabilités. Nous écoutons leurs remarques / propositions et si ces dernières sont pertinentes, nous les prenons en compte et les appliquons pour faire avancer notre entreprise.

LES PILIERS STRATÉGIQUES ONT-ILS UNE INCIDENCE SUR LA POLITIQUE RH ?

Bien sûr ! Notre culture d’entreprise, nos valeurs sont imbriquées avec le « OM Project Champion ». 

Nous avons un référentiel de valeurs où l’on explique que pour chaque projet il y a un cran de valeurs que l’on attend de la part de nos collaborateurs.

A titre d’exemple, sur le pilier haut niveau nous allons chercher des talents et des compétences pour faire en sorte que nos collaborateurs soient au niveau des attentes stratégiques du club.

Sur la fan expérience nous allons pousser à la créativité et l’innovation.

Pour l’encrage citoyen nous avons un programme de volontariat en interne. Nous allons donc raccrocher ce pilier à nos projets en interne avec des notions de bienveillance et de responsabilité.

Pour la pérennité économique sur long terme, nous allons nous baser sur des notions d’exigence et de discipline avec des comportements que l’on cherche chez chacun comme le dépassement, l’engagement, l’action et le partage.

C’est donc un référentiel de valeurs que nous avons construit étroitement avec le projet OM Champion.

CONSIDÉREZ-VOUS LES COLLABORATEURS COMME AMBASSADEURS DE LA MARQUE OM ?

Effectivement, nous demandons de plus en plus à nos collaborateurs d’être des ambassadeurs.

Je n’aime pas trop cette notion de marque employeur car pour moi celle-ci est trop connotée marketing. Je pense à contrario que rien ne vaut l’expérience collaborateur et la spontanéité du partage de ce qu’ils peuvent vivre au quotidien.

L’idée est plutôt de leur proposer une expérience qui soit à la hauteur de leur engagement qui est très fort pour que, par la suite, ils la partagent sur les réseaux spontanément, notamment sur LinkedIn.

Nous avons fait un travail de fond en leur donnant des bonnes pratiques mais sans nécessairement leur dire ou imposer de partager un contenu en particulier.

Une charte de bonne conduite sur les réseaux sociaux a été créée à cet effet pour que les collaborateurs connaissent leurs droits et devoirs à ce sujet. Nos stagiaires, qui ne restent pas à l’issue de leur stage, sont également des ambassadeurs comme par exemple au sein de leur école.

VOS COLLABORATEURS PEUVENT-ILS AVOIR LA CHANCE DE RENCONTRER LES JOUEURS ?

A l’OM, les joueurs sont des collaborateurs comme les autres, donc je ne sais pas si on peut parler de chance.

La plupart des employés peuvent les côtoyer dans le cadre de leur travail que ce soit les community managers, aux activations mais également les préparateurs physiques (même en stage).

Le message que l’on passe à nos collaborateurs est que les joueurs du club sont des collègues de travail. De ce fait, lorsque l’on s’adresse à eux on ne doit pas se comporter comme un fan mais comme un collaborateur.

Si l’on ressent qu’un candidat risque d’être « trop fan » cela peut potentiellement l’empêcher de faire correctement son travail, ce qui est bloquant.

L’univers de notre entreprise est assez fun, avec une certaine médiatisation et des organisations d’évènements rassemblant plus de 50 000 personnes un week-end sur deux, cela peut donc faire un peu tourner la tête aux plus fans d’entre nous. Nous avons réellement besoin de personnes qui soient concentrées sur leur travail.

DERNIÈRE QUESTION : EST-IL POSSIBLE DE POSTULER À L’OM EN ÉTANT SUPPORTER DU PSG OU ENCORE DE L’OL ?

Bien sûr ! Nous en avons d’ailleurs et nous arrivons à les convertir assez souvent !  

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